Un mélange d'excitation et de froideur incontrôlé, une main de glace qui vous sert le coeur à n'en plus finir. Un duel à mort est l'occasion rêvée de ressentir que l'on est en vie, étrangement. L'art et la manière de monter crescendo jusqu'à l'intensité finale, un récital poignant et efficace. Orochimaru aime plus que tout cette sensation de risque, jouer sa vie pour rien, si ce n'est le plaisir lui-même de savoir que les instants suivants seront peut- être les derniers, de quoi changer le regard de n'importe qui l'espace d'un instant.
*Fouler la salle des illusions dans le but de mettre à mort une malheureuse victime, je m'en délecte à l'avance...Puisse l'élu du jour me divertir quelques minutes ou peut être me montrer l'étendu de talents désirables...*
Le Serpent Blanc se faufile derrière une porte monumentale en or, piètre signe mégalomane et intimidant que l'on oublie sans peine. La suite est merveilleusement différente, un je -ne-sais-quoi de magique, tomber plus loin que la réalité elle-même ou en toucher la limite qui la sépare de l'illusion. Un savoureux bouquet de couleurs qui s'unissent et se désunissent aussi vite, des paysages qui paraissent et apparaissent, un miroir, une fenêtre sur les miracles de la vie.
*C'est donc ça la salle des illusions...un tableau qui change perpétuellement, une matière visible aux multiples facettes...cela est dangereusement beau...l'endroit rêvé pour y perdre son esprit, la folie guette chaque homme en ces lieux...*
Mais l'humain dans toute sa laideur la plus désespérante reste immobile et inintéressant au milieu de ce miracle changeant. L'adversaire, ou du moins la potentielle victime d'Orochimaru, a préféré tromper le temps et venir à l'avance sur les lieux du combat. Le Sannin le fixe un instant, histoire de se tirer de ce rêve délicieux afin de se concentrer devant un combat ou la mort viendra quoi qu'il arrive trancher dans le vif du sujet. Une sentence irréfutable et aussi rapide que ces mots, toucher, provoquer, le serpent siffle :
« Tu es donc la chair qui viendra se répendre dans ce rêve tentateur, tu es donc le sang qui viendra entacher les dernières parties humaines de mon coeur. Qu'il en soit ainsi, viens à moi et je me garderais bien de te donner un sursis. »
La poésie peut aussi accompagner la violence de la plus belle des manières. Preuve en est que le Serpent blanc reste dans le rêve, est ce pour autant qu'il en sera moins dangereux ?